En finir avec ces méthodes managériales dangereuses à Thales

Lors de la conférence de presse  du 19 juillet 2018, le Syndicat CGT de Thales LAS La Ferté Saint Aubin (nouveau nom de TDA Armements) met en cause les méthodes managériales dangereuses utilisées par la direction de l’entreprise et répondant aux objectifs du groupe Thales.

Le LEAN Management, met en danger la santé et la sécurité des salarié-e-s

Le LEAN, inspiré du toyotisme,  de l’anglais « rendre mince », « agile », a pour objectif d’éliminer des process de travail  toutes les actions qui ne procurent pas de valeur ajoutée, donc de profits pour les actionnaires.

Le LEAN  est maintenant mis en œuvre dans  toutes les entreprises pour augmenter la productivité, donc les profits (même si la méthode n’est pas partout officiellement nommée ainsi), mais aussi depuis presque 10 ans dans toute la fonction publique, toutes les administrations.

Il s’agit de faire toujours plus vite, toujours mieux, avec des moyens de plus en plus réduits, et des temps de plus en plus réduit en subissant sans cesse le contrôle du travail par des indicateurs de plus en plus nombreux, générant une souffrance au travail de plus en plus intense.

Fort du constat que qualité ne fait pas bon ménage avec rapidité et réduction des moyens, et constatant à terme l’inefficacité de cette méthode, le fait qu’elle était néfaste et dangereuse pour les salarié-e-s, TOYOTA, pionnier  de la méthode, l’a abandonnée de depuis plus de 20 ans…On se rappelle il y a plusieurs années les dizaines de milliers de voitures rappelées sur les chaines de montage pour des défauts de sécurité…

Les salarié-e-s d’Orange ou de Renault  en ont fait les frais de façon publique, avec les vagues de suicides qui ont défrayés la chronique il y a quelques temps, et les condamnations de ses  dirigeants : ces méthodes sont en total contradiction avec les responsabilités des dirigeants d’entreprises, et leurs responsabilités en matière d’obligation de prévention des risques professionnels, que ce soit concernant la   santé ou la sécurité au travail, selon les termes de l’article L4121-1 du Code du travail,

Par ailleurs, les dirigeants d’entreprises  ont  désormais une obligation de résultats sur ces questions, résultant des procès d’AZF. Ils n’ont plus le droit de dire « nous n’étions pas au courant » … !

Concernant le site Thales La ferté Saint Aubin

Depuis plusieurs années la CGT alerte la direction sur la souffrance au travail des salarié-e-s, et demande une enquête du CHSCT sur la mise en place du LEAN et les conséquences des modifications de l’organisation du travail… mais la direction et le CHSCT font la sourde oreille, et la direction accélère la mise en place des outils du LEAN, (KAISEN ,  5 S) , etc, par la mise en place de toujours plus d’indicateurs et la recherche de nouvelles performances.

Ce qui se traduit fatalement par des contradictions : le management de proximité a de plus en plus de choses à faire et de moins en moins de moyens. Il se retrouve face aux salarié-e-s qui leur en demande aussi de plus en plus, car ils ont besoin de moyens pour assumer les taches toujours plus nombreuses , et ça fini en altercations … plus ou moins vives . Pour exemple, ce qui s’est passé il y a 4 mois lors d’un Entretien Annuel d’activité… qui n’a pas été terminé, faute de temps du manager, et qui a dégénéré pour aboutir à des échanges de propos violents

Face à cette situation, considérant

  • Le taux d ‘absentéisme en augmentation constante
  • L’alerte adressé à la direction par un salarié en mars 2018, resté sans suite
  • Le rapport accablant de la Médecin du travail présenté en mai,
  • Les 2 rapports demandés par le CHSCT et le CE sur les Risques Psychosociaux l’un il y a 4 ans, l’autre l’an passé
  • La mise en demeure de l’Inspection du travail en décembre 2017 demandant un plan d’action, restée sans suite
  • L’Inscription demandée par un salarié dans le Registre des Dangers Graves et Imminents, ayant déclenché une enquête, dont nous n’avons pas le résultat
  • La déclaration d’accident de travail qui a suivi l’altercation entre les 2 salarié-e-s
  • La main courante déposée par l’autre salarié
  • La convocation de la direction pour un entretien préalable à une sanction pour ce même salarié
  • Le droit d’alerte des délégués du personnel mis en œuvre par la CGT en juin 2018, ayant déclenché une autre enquête de la part de la direction, auprès des salarié-e-s de l’atelier (atelier qui avait été présenté comme atelier pilote du LEAN)

Nous constatons que la direction répond à nos alertes par des menaces de répression, au lieu de prendre ses responsabilités en matière de santé et de sécurité…

Nous avons donc décidé d’alerter la presse, parce que nous savons  qu’il en est de même dans les autres entreprises, et que les salarié-e-s n’ont pas forcément loisir de l’exprimer …La souffrance au travail est devenue insupportable. Il est temps d’en finir avec ces méthodes pathogènes.

Nous ajoutons que la mise en place du LEAN management est financé par l’état via la DIRECCTE,  qui en fait l’apogée  dans presque tous ses bulletins… Le comble : nos souffrances au travail sont financées par nos impôts… c’est la double peine !

Quand on voit dans le même temps la dégradation de notre  système de santé, lui-même soumis au LEAN via les décisions de l’ARS (Agence Régionale de Santé), avec la réduction drastique de ses moyens, et la souffrance de ses personnels de santé (qui a d’ailleurs fait l’objet de plus de 60 000  signatures de la pétition CGT en région Centre) on peut se demander quelle sera l’issue de cette souffrance au travail…

Pour la CGT de LAS la Ferté Saint aubin, l’objectif du LEAN est d’effacer la notion de classe (classe ouvrière exploitée et classe dirigeant exploiteurs) : « Tous le monde doit ramer dans le même sens »…

Le problème c’est qu’au final, tous les profits ne vont pas dans la même poche. Ils restent dans la poche des actionnaires !

Il faut faire entrer dans tous les cerveaux  que le seul but dans la vie est de faire des profits : c’est la société capitaliste, et il faudrait que tout le monde y adhère et la considère comme seul modèle viable.

Nous ne sommes pas d’accord avec ça. Et l’état actionnaire de Thales , la puissance publique, à un rôle à jouer pour protéger ses citoyens.

Imprimer cet article Télécharger cet article